La crise de la COVID19 n’est finie, pas creusant les sillons de la crise économique mondiale qui se profile et qui serait sans doute bien plus grande sans les plans d’accompagnement des pays. L’Europe est pour l’instant en reste, laissant les pays membres annoncer leurs propres plans de soutien. En effet le plan d’aide de plusieurs centaines de milliards annoncé il y a quelques mois est toujours en attente de vote au Parlement, les mécanismes de décision devant se prendre à l’unanimité des 27 est pour l’instant bloqué par la Hongrie et la Pologne.
Quoi qu’il en soit nous savons qu’aucun secteur ne sera épargné, pas même le secteur financier, touché notamment depuis des années par les taux bas et dans le cadre de cette crise par un risque accru de défaut de ses clients. Face à cette tempête inédite, le processus de sélection sera inévitable et touchera sans doute encore plus les néo banques vue depuis des années comme une sorte d’eldorado financier et bancaire. Elles ne sont sans doute que des « licornes ». En effet le modèle économique de ces néo banques était en devenir, et la question de la rentabilité était posée depuis longtemps par les acteurs du marché. Aujourd’hui, la question de leur rentabilité se pose plus que jamais. La 4ème étude mondiale sur les néo banque, publié par le cabinet Syrtals Cards & Beyond, montre que si certains acteurs sont déjà rentables comme la banque en ligne française Nickel, la majorité des banques en ligne comme le russe Tinkoff ou encore PayTM Bank en Inde Ne le sont pas. « Majoritairement et compte tenu du contexte de pandémie, l’espérance de rentabilité risque d’être reportée », souligne Angelo Caci, le directeur de Syrtals Cards.
Et pourtant ces établissements numériques ne cessent de s’adapter aux usages. Les nouveaux acteurs ont ciblé de nouvelles tendances et besoins d’une clientèle toujours plus nombreuse mais pas forcément rentables : des offres «green» (Flow, Green Got), pour les «sous-bancarisés» (Bambu, Remitly) ou encore les offres «teen-banking» pour adolescents (Vybe en France, Copper aux Etats-Unis).
Les géants du numérique sont également arrivés sur ce marché bancaire avec des services financiers et une méthode qui vise non pas à vendre des produits mais à transformer le client en produit. C’est tout le modèle d’Amazon ou de Facebook. Ce modèle ne vise pas à être rentable sur le service mais à dégager cette rentabilité sur les DATA générées. Au-delà de la montée en puissance des acteurs chinois comme Ant Group et Tencent, les américains n’ont pas dit leur dernier mot : Facebook poursuit son initiative dans les cryptomonnaies avec son projet Libra et Google va lancer des offres de comptes bancaires à partir de 2021.
Selon les spécialistes du marché bancaire, deux modèles différents pourraient émerger :
- un modèle fondé sur l'hyperspécialisation, comme les néobanques ciblés sur les jeunes (GoHenry), sur le crédit (Younited) ou la Bourse (Robinhood) ;
- ou un modèle plus généraliste, en concurrence frontale avec les banques traditionnelles, comme N26, Revolut, Starling ou de nouvelles plateformes de services financiers.
Bref, la « guerre des banques » ne fait que commencer et les établissements plus traditionnels l’ont bien compris. Pour notre Groupe et la Banque Postale, l’enjeu est majeur.
La réussite passera par le développement de sa néo banque Ma French Bank, mais également par des solutions plus traditionnelles de recherche de développement du PNB, comme par exemple en travaillant sur la question du taux d’équipement de ses clients, plus faible que ses concurrents hexagonaux. Bien entendu ce contexte, de transformation des usages et de crise économique, la création du pôle bancassurance avec l’arrivée de la CNP (et du développement conjoint entre LBP et CNP d’un pôle assurantiel compétitif et plus large) a été un élément essentiel dans la résistance à la crise. Au sein du Conseil d’Administration du Groupe, la CFDT l’avait évidemment compris et avait voté pour ce rapprochement à la différence des autres organisations syndicales !